Le Yemen est un pays situé à la pointe sud de la péninsule arabique, bordé par l’Arabie saoudite, Oman, la mer Rouge et le golfe d’Aden.
C’est le plus pauvre des pays arabes, avec un indice de développement humain parmi les plus bas du monde.
Depuis 2014, il est en proie à une guerre civile qui oppose le gouvernement reconnu par la communauté internationale, soutenu par une coalition menée par l’Arabie saoudite, et les rebelles houthis, appuyés par l’Iran. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, dont de nombreux civils, et a provoqué la plus grave crise humanitaire du monde.
Selon l’ONU, plus de 24 millions de personnes, soit 80% de la population, ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence.
Plus de 20 millions souffrent d’insécurité alimentaire, dont près de 10 millions sont au bord de la famine.
Plus de 4 millions ont été déplacés par les combats, et plus de 3 millions sont exposés au risque de choléra, de dengue et de Covid-19.
Le système de santé est au bord de l’effondrement, avec moins de la moitié des structures médicales fonctionnelles et une pénurie chronique de médicaments et de matériel. L’accès humanitaire est entravé par les restrictions imposées par les parties au conflit, les attaques contre les travailleurs humanitaires et le manque de financement.
La situation au Yemen est le résultat d’une longue histoire de divisions politiques, sociales et religieuses, exacerbées par les ingérences régionales et internationales.
Le Yemen moderne est né en 1990 de l’unification du Yemen du Nord et du Yemen du Sud, deux États qui avaient connu des régimes et des orientations idéologiques différents.
Le président Ali Abdallah Saleh, qui avait dirigé le Yemen du Nord depuis 1978, a pris la tête du pays unifié, mais a dû faire face à plusieurs rébellions et tentatives de sécession.
En 2011, à la suite du Printemps arabe, il a été contraint à démissionner après des mois de manifestations populaires. Son vice-président, Abd Rabbo Mansour Hadi, lui a succédé à la tête d’un gouvernement de transition, chargé d’organiser une conférence nationale de dialogue et une nouvelle constitution.
Cependant, le processus politique a été entravé par la montée en puissance des houthis, un mouvement armé issu de la minorité zaïdite, une branche du chiisme présente dans le nord du pays. Les houthis revendiquent une plus grande autonomie et une meilleure représentation politique face au pouvoir centralisé et corrompu. Ils ont profité du vide sécuritaire créé par la lutte contre Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), un groupe terroriste implanté dans le sud et l’est du pays. En 2014, ils ont lancé une offensive qui leur a permis de prendre le contrôle de la capitale Sanaa et d’une grande partie du nord du pays.
Ils ont mis en résidence surveillée le président Hadi, qui a réussi à s’échapper et à se réfugier à Aden, la grande ville du sud.
En mars 2015, l’Arabie saoudite, inquiète de voir son rival iranien gagner du terrain dans son arrière-cour, a formé une coalition militaire composée principalement de pays arabes sunnites pour soutenir le gouvernement Hadi et repousser les houthis. La coalition a lancé une campagne aérienne intensive contre les positions rebelles, mais sans réussir à inverser le rapport de forces sur le terrain. Elle a également imposé un blocus naval et aérien au pays, aggravant la situation humanitaire. La coalition a été accusée par plusieurs organisations internationales de violer le droit international humanitaire en ciblant des infrastructures civiles, comme des hôpitaux, des écoles ou des marchés.
Le conflit au Yemen s’est complexifié avec l’émergence d’autres acteurs et d’autres enjeux. Le sud du pays, qui a connu une brève indépendance entre 1967 et 1990, a vu ressurgir les revendications séparatistes du Conseil de transition du sud (CTS), soutenu par les Émirats arabes unis, un allié de l’Arabie saoudite au sein de la coalition.
Le CTS a affronté à plusieurs reprises les forces loyalistes, fragilisant le front anti-houthi.
Par ailleurs, le pays est devenu un terrain d’affrontement entre les grandes puissances, notamment les États-Unis, qui ont apporté un soutien logistique et en renseignement à la coalition saoudienne, et la Russie, qui a exprimé son soutien aux houthis. Le conflit a également des répercussions régionales, notamment sur la sécurité maritime dans le détroit de Bab el-Mandeb, un passage stratégique pour le commerce mondial.
Malgré plusieurs tentatives de médiation de l’ONU et d’autres acteurs internationaux, le conflit au Yemen semble dans l’impasse.
Les négociations entre les parties sont entravées par la méfiance mutuelle, les divisions internes et les agendas divergents. Le seul accord majeur obtenu à ce jour est celui de Stockholm, signé en décembre 2018, qui prévoyait un cessez-le-feu dans la ville portuaire de Hodeïda, un retrait des forces belligérantes et un échange de prisonniers.
Cependant, sa mise en œuvre a été très partielle et fragile, et les combats se sont poursuivis dans d’autres régions. La situation au Yemen reste donc très précaire et incertaine, et appelle à une solution politique globale et inclusive, qui respecte les aspirations et les droits de tous les Yéménites.